DOGFIGHT SQUAD

- Humpf!   Le Tosa peinait à s'extirper du trou qui les avait amenés ici. Pas réellement un trou, juste une cavité entre les gravas d'un HLM abandonné qui leur servait maintenant de point de repère à Caporal et lui.

Général se mit à aboyer de tous les cotés, appelant le chiot. C'était ici qu'ils s'étaient séparés pour la dernière fois, histoire de couvrir plus de terrain. Le jeune chien étant plus qu'attentif .. enfin parfois, aux conseils et règles du vieux chien. Celui-ci avait décidé que Caporal pouvait se balader, seul. Tant qu'il n'allait pas loin de leur repère. Des vieux bidons et cartons ouverts, qui leur servaient de niches de fortune.

- Gamin ? Gamin ? Où tu es ? C'est moi! Il s’arrêta en plein milieu de leur Safe zone et analysant tous les recoins de son seul œil valide.

La chienne avait suivi le Général, regardant de temps à autre sa pauvre queue qu'elle allait devoir sectionner. Par moment, elle en couinait faiblement mais se reprenait vite et continuait la marche. Le plus dur fût de passer par un trou on ne peut plus étroit, même pour elle ! Elle se demandait comment le Tosa pouvait faire ça régulièrement… Elle huma l'air, reconnaissant l'odeur du petit jeune et sourit discrètement.

Assise, la langue pendante, elle tourna la tête, de droite à gauche, découvrant un logis sécurisé. C'était rare. Plaisant !

- Viens, petit ! Appela-t-elle avec douceur, remuant tant qu'elle le pouvait encore sa queue touffue, bientôt un horrible moignon.

Son corps était tâché de sang, ses longs poils était trempés de ce liquide écarlate, surtout au niveau de sa bouche jusqu'à son poitrail. Sa queue remuait en tout sens, pourtant son échine était hérissé. En lui se mélangeait un sentiment de puissance, de peur, de fierté et de dégout envers lui même. Il n'aurait jamais penser faire ça un jour honnêtement.

Son dos s'archait avant de se relâcher tandis qu'il usait de ses muscles pour trainer la moitié d'un cadavre...de hyène. Oui, il venait tout de tuer une hyène.

Les images du combat étaient encore coincés dans sa tête, il se souvenait du moment ou il avait laisser suite à son attaque un trou béant dans son cou, ou encore, le moment ou il l'avait achevée en s'attaquant à sa jugulaire...Il avait remercier Alvar d'avoir tenter de le protégé. suite à ce bain de sang il ne pouvait que développé une certaine confiance en lui même.

Mais aussi un certain dégout? Il venait de prendre une vie, au dépit de la sienne certe mais...N'aurait-il pas pu faire autrement? Lui qui ne rêvait que d'un monde de paix...Il venait d'apprendre que cette idée utopique n'existait pas.

En fait il était tremblant, partagé entre une profonde excitation et de la terreur envers lui même. Comment avait-il put faire ça?

Deux voix familières montèrent alors à ses oreilles:

"Gamin ? Gamin ? Où tu es ? C'est moi!
-Viens, petit !"

Il redoubla d'effort en tirant la carcasse de la bête, su moins la moitié, l'autre revenait à Alvar. Le poids de la chose fit du bruit sur les gravillons tandis que le jeunot fut bientôt dans le champ de vision de Fly et général.

Le gamin noir et feu au pelage souillé de sang mit une patte sur l'âmat de viande avant d'aboyer:

"FLY! GENERAL! Je suis là!"

Maintenant qu'il y pensait, c'était surprenant de voir Fly, que faisait-elle là?

- Ah! Je croyais qu-.. ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!  Le tosa recula, sourcillant tellement haut que ses sourcils auraient pu s'envoler de son front. Le chiot trainait une carcasse terreuse, presque aussi grosse que lui. Sous les yeux médusés de son aîné.
Général secoua la tete.

- M-mais ! Mais...  Il s'en alla renifler la carcasse de la hyène puis le pelage taché de sang de Caporal. Le visage inquiet du Tosa se crispa dans une grimace colérique et paternel. - Où est-ce que tu es allé traîner, encore ?! E-et puis, c'est quoi ça ?! Tu es couvert de sang!  Aboyait furieusement le Tosa, s'arrachant les poumons. - ...C'est une chance que personne ne t'ai suivit! Avec cette odeur sur toi et e-et.. sur la route! On va devoir déménager! 

Soudain, la voix du petit résonna, appelant ses aînés à lui. La femelle se retourna et découvrit un Caporal trempé de sang et une carcasse. Surprise, son antérieur gauche se leva dans un mouvement de dégoût : l'odeur. C'était… La même que sur sa queue, en plus d'être mélangée à celle venimeuse de l'animal mort. Le Tosa commença à hurler, l'inquiétude l'ayant gagné. Il ressemblait à un père voulant à tout prix protéger son gosse. Fly aurait fait de même. De plus, Général avait raison : le jeune avait pu être suivi. Elle dressa l'oreille, cherchant : rien d'alarmant. C'était plus l'odeur qui la troublait…

- Général… Tenta-t-elle de le couper. Et elle désigna Caporal du museau.

Elle se releva et alla vers le protégé du Tosa, le reniflant.

- Tu n'as pas rencontré… Quelqu'un ? Avec de la bave… Verte, dis moi ? Fly s'inquiétait grandement : elle, on allait lui couper sa superbe queue, mais lui ? Instinctivement, devant le visage barbouillé du chiot, elle se mit à le lécher, entreprenant de lui nettoyer au moins le museau.

"Ah! Je croyais qu-.. ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ?! M-mais ! Mais...Où est-ce que tu es allé traîner, encore ?! E-et puis, c'est quoi ça ?! Tu es couvert de sang! ...C'est une chance que personne ne t'ai suivit! Avec cette odeur sur toi et e-et.. sur la route! On va devoir déménager!
-Général…Tu n'as pas rencontré… Quelqu'un ? Avec de la bave… Verte, dis moi ?"

C'était beaucoup d'informations en peu de temps, le chien s'était replié sur lui même lorsqu'il fut proie aux cris du grand Tosa et se laissa faire quand Fly s'attela à la débarbouiller.

"Je suis désolé..."

S'excusa t-il assez machinalement, toujours en état de semi-choque.

"Je...Un chien avec de la bave verte? Non, juste, une hyène et Alvar."

Il redressa les yeux vers Général, la mine désolée:

"Je voulais pas attirer d'ennuis je me suis juste écarté pas trop loin pour chercher à manger et je suis tomber sur un inconnu, il s'appelle Alvar...J'ai glisser dans un truc vert...Peu-être ce que tu à mentioné Fly? Du coup il voulait m'emmener à la fontaine pour me nettoyer mais cette hyène nous a agresser et comme on à réussis à la tuer on à décider de-de faire part égale."

C'est à ce moment là qu'il sentit sur les deux autres chiens cette odeur répugnante, et celle du sang aussi.

"Et vous? Qu'est-ce qu'il vous est arrivés, ça va?"

Le petit se leva brutalement pour aller renifler Général, assez paniqué par l'idée qu'il puisse être blessé.

Général sembla se tempérer, tranquillisé par l'idée d'avoir, à défaut de perdre leur sanctuaire, quelque chose à manger.
- Une mauvaise rencontre... Il a blessé Fly.   Une explication qui allait au but. Le molosse pointa la queue de la beauceron du museau, celle-ci avait déjà été attaquée par la salive du Rat qui commençait, bizarrement, à la ronger. Il prit un air peiné.
- Je suis désolé, Fly.  

Fly écouta avec attention l'histoire de Caporal, se pourléchant les babines et goûtant à la saveur métallique qui s'était nichée sur elle après son nettoyage. Voilà bien une des rares saveurs qu'elle sentait sans trop de peine. Pour le moment du moins. Le berger n'imaginait pas vraiment le jeune Caporal se battre contre une hyène... Elle se souvenait que son maître, fada de documentaires animaliers, leur parlait souvent de ces animaux rusés et qui le fascinaient. Il le serait beaucoup moins à l'heure d'aujourd'hui.

Le petit s'inquiéta pour ce qui se rapprochait le plus d'un paternel et alla le renifler, soucieux de son bien être. C'était agréable à voir, mignon, adorable ! Langue pendante, elle regarda sa queue lorsque Général en parla. Jusque là elle n'y avait pas fait attention mais... ça commençait à être légèrement douloureux. Qu'est-ce qu'elle la regretterait, cette queue touffue ! Elle qui aimait battre l'air, amuser les jeunes chiots avec (s'il y en avait encore de l'âge de nouveaux nés)... Ses yeux pétillèrent alors qu'un sourire remontait ses babines noires, le regard tourné vers les deux autres.

- Ne t'en fais pas, Général. Ce n'est pas grave. Et puis tu es venu m'aider, c'est bien suffisant ! Elle marqua une pause et frissonna. Imagine ce qui me serait arrivée si tu ne l'avais pas fait !

Un nouveau coup d'oeil vers sa queue dont les poils fondaient, la chair commençant à se faire détruire par l'acide verdâtre. Adieu, belle petite queue d'amour ! Jamais je ne t'oublierais !

- Par contre... Si cela ne vous dérange pas... Je crois qu'il serait temps de... Et elle fit claquer ses crocs à plusieurs reprises dans l'air, mimant le mouvement de couper. Vous voyez ?

L'alpha semblait s'être calmer. Il regarda alors la femelle avant de dire:

"Une mauvaise rencontre... Il a blessé Fly. Je suis désolé, Fly."

Le corniaud dressa les oreilles vers le berger avant de repéré au niveau de sa queue une zone semblant rongée par cette mixture verdâtre. Il déglutit, appréhendant l'acte qui devrait s'en suivre.

"Ne t'en fais pas, Général. Ce n'est pas grave. Et puis tu es venu m'aider, c'est bien suffisant ! Imagine ce qui me serait arrivée si tu ne l'avais pas fait ! Par contre... Si cela ne vous dérange pas... Je crois qu'il serait temps de..."

Ses crocs claquèrent:

" Vous voyez ?"

Couper? C'est bien ce qu'il avait cru comprendre tout à l'heure. C'était dangereux...Il avait toujours appris qu'il fallait protéger sa queue...Après tout c'est une partie de la colonne vertébrale qu'il s'y trouve non? Il leva la tête vers le Tosa, cherchant des réponses dans son regard:

"Et on va s'y prendre comment?"

Le tosa fit une moue réflexive.
- Les humains y arrivent.. Mais, ils ne sont plus là...On va devoir improviser.  Se déplaçant derrière Fly, il approcha son œil valide de la queue de celle-ci. La bave avait disparue mais sa toxicité, non. Son poil fauve continuait à disparaître rongé par un mal inconnu. Elle commençait presque à attaquer ses muscles.

- .. Humpf..   Le chien alla chercher une barre de fer traînant puis s'approcha de Fly.
- Pren'd'cha...   Il montra la barre de fer dans la gueule et la cracha à ses pattes. Elle tomba sur le béton dans un bruit désagréable à l'oreille.

- Gamin. A mon signal, tu attrapes sa queue près de son croupion... et tu tires de toute tes forces.   Général se mit en place, plantant sans avertissement ses crocs sur l'extrémité de la queue de la beauceron.
- Vas-y!  

Pauvre petit Caporal… Pauvre Général… Les voilà avec une tâche des plus déplaisantes. Le Tosa, tout comme le corniaud et le beauceron, savaient que cela serait des plus douloureux pour la chienne. Mais ils devaient en passer par là, sans quoi, sans doute, mourrait-elle des suites de la destruction de son appendice par cette… Bave radioactive. Le bruit de la barre de fer sur le sol qui rebondissait hérissa le poil de la femelle, fronçant son joli museau dans une moue de dégoût. Elle en ferait sans doute saigner ses gencives, si elle ne se cassait pas un croc !

Néanmoins docile, comme toujours avec les chiens qu'elle reconnaissait comme étant des meneurs, elle obéit, attrapant ce reste de l'humanité qui l'aiderait à ne pas aboyer trop fort. Mais pas à couiner. La preuve en fût lorsque Général attrapa sa pauvre queue ! La surprise et, il faut le reconnaître, la peur de la douleur, cette vile appréhension qui venait se nicher dans son estomac avaient eut tôt fait de lui arracher un pathétique couinement. Mais elle n'était pas un robot insensible et ne pouvait s'y en empêcher.

Fly, pour plus de sécurité pour les deux mâles, tenta de coincer la barre de fer dans une cavité créée par le déplacement du sol, suite à l'explosion. Est-ce que cela tiendrait ? L'avenir le leur dirait. Fermement agrippée à son bien maigre support, le berger se campa sur ses positions, tentant vainement de planter les griffes dans la dureté du béton. Son regard était déterminé : il fallait qu'elle en passe par là !

- Allez-y… D'un coup sec…

Tenta-t-elle de demander froidement. Mais le tremblement dans sa voix trahissait bien plus ses sentiments qu'elle ne l'aurait voulu.

Tout se passa relativement vite:

"Gamin. A mon signal, tu attrapes sa queue près de son croupion... et tu tires de toute tes forces.
-Allez-y… D'un coup sec…"

Le jeune chien déglutit et saisie la queue de la femelle au niveau du croupion. Arracher une queue, c'était bien le genre de choses qu'il n'aurait jamais pensé faire...Ca faisait beaucoup d'actes traumatisants en une journée, de quoi hanté ses nuits pendant quelques temps au moins. De quoi lui montrer le véritable visage de ce monde, du moins, en avoir un avant-gout.

"Vas-y!"

Plaçant une patte sur l'arrière train de la chienne afin de la maintenir en place comme il le pouvait le jeunot resserra sa prise aussi fort qu'il put avant de tiré en usant de tout ses muscles. Evidemment, la queue n'allait pas se détacher tel un lego, l'os était à sanctionner, et c'était lui qui en était chargé.

C'est donc à ce moment qu'il se mit a planter ses crocs plus profondément encore dans sa chaire, tentant de broyer le bout de colonne de la femelle comme il le pouvait, tordant la tête afin de pousser sa queue à se détacher de son corps.

La chienne serra les crocs, sentant les deux mâles se préparer… Au signal, elle ressera une nouvelle fois sa prise sur le bâton de fer mais cela ne l'empêcha pas de couiner à la mort et de tenter de se tortiller.

Plus Caporal enfonçait ses crocs, plus elle bougeait son arrière train, dans un mouvement instinctif pour se dérober de leur étreinte et sauver sa pauvre queue. La force des deux mâles n'étaient pas suffisantes… Leurs morsures ne faisaient qu'enflammer plus la chair. C'est pourquoi le plus jeune se tortilla, tentant de sectionner l'os en dessous. Les muscles du berger se tordaient en rythme, se broyant par endroit, se déchiquetant dans d'autres. Les babines de Fly se couvrirent de minces filets de sang mélangés à la bave abondante qui s'en échappaient.

Elle écumait de rage et de peine, piaillant, couinant avec désespoir et priant pour que cela finisse. Malheureusement l'instinct reprit le dessus et la noiraude lâcha sa prise dans un grondement sourd, museau froncé et lançant ses crocs en avant. Elle resserra sa prise sur la cuisse du plus jeune, tentant de se dégager, donnant plusieurs petits coups rapides, pinçant la chair avant de lâcher prise, reprenant le dessus, cherchant à reprendre la barre.

'Faites que ça finisse !'

Pria-t-elle de toute son âme canine, mordant dans l'air et manquant de se couper la langue, couinant et poussant de déchirants aboiements.